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Sélection médicale en assurance emprunteur : obstacle que les assureurs cherchent à simplifier

Dernière mise à jour : 16 oct. 2020

La souscription à une assurance de prêt passe par l'inévitable questionnaire médical, filtre qui permet à l'assureur de valider son acceptation du risque et de calculer la prime versée par l'emprunteur. Souvent mal vécue par ce dernier, cette étape a gagné en simplification à la faveur d'un élargissement du marché. Certains professionnels voudraient aller plus loin et mieux affiner la sélection, un exercice qui moralement a ses limites.

Assurance de prêt : point noir du parcours emprunteur

Épreuve d'endurance ou course contre la montre, la recherche d'un crédit pour acquérir un bien immobilier est bien souvent source d'anxiété pour l'emprunteur qui, pour boucler son financement, doit souscrire une assurance couvrant le décès, l'invalidité et l'incapacité (arrêts maladie ou accident). L'assurance de prêt est généralement sous-estimée par le candidat à l'emprunt. Focalisé sur le taux nominal du crédit, il en oublie que cette protection, indispensable pour lui, ses héritiers et bien évidemment le prêteur, pèse lourd dans le coût global du crédit. En phase de recherche, il se rend compte de l'importance de cette couverture et de la nécessaire adéquation des garanties à sa situation personnelle. Sans risques aggravés pour raisons de santé ou professionnelles, la souscription est une formalité, d'autant plus simple qu'un courtier accompagne la démarche. Les profils jeunes, cadres, non-fumeurs et sans antécédents médicaux passent sans entrave l'exercice intrusif du questionnaire de santé, préalable à toute souscription d'une assurance emprunteur.

En période de taux bas, les candidats à l'achat immobilier ont tendance à penser que l'accès à l'emprunt est facilité. C'est en partie vrai, puisque la faiblesse des taux d'intérêts améliore la solvabilité des ménages modestes, qui franchissent ainsi l'obstacle du taux d'endettement maximum (33%). L'assurance emprunteur peut malheureusement freiner les ardeurs si le questionnaire de santé fait achopper le projet. L’assurance de crédit est aujourd’hui le principal frein à l'emprunt immobilier pour les retraités, et d'une manière générale pour les personnes qui incarnent un risque accru.

Faciliter le parcours de souscription

Heureusement, la délégation d'assurance permet à tous de bénéficier d'une couverture adaptée et d'en réduire le coût. Depuis 2010 et la loi LAGARDE, tout emprunteur peut présenter une assurance alternative au contrat bancaire. Ce contexte de libéralisation du marché a eu pour vertu de rendre l'emprunteur moins captif des réseaux bancaires, et pour conséquence de baisser les marges des professionnels. Un courtier estime qu'en 15 ans elles ont été réduites de 50%. Si l'hégémonie des contrats groupe perdure malgré l'ouverture du marché (seulement 15% de contrats en délégation), la réglementation aura permis de "casser" le principe de mutualisation, obligeant les banques à introduire une forme de segmentation de leurs offres pour concurrencer les contrats alternatifs individualisés. Une démutualisation qui s'est accompagnée d'une sélection plus fine par le biais du questionnaire médical.

Conscients du facteur d'insatisfaction que représente l'assurance pour l'emprunteur, certains assureurs ont cherché à abréger la démarche en proposant une souscription dématérialisée, réalisable en ligne grâce à la simplification du questionnaire médical. En 6 questions au lieu d'une vingtaine auparavant, un profil standard sans passif de santé passe allègrement l'obstacle. En fonction de l'âge et des capitaux, certains questionnaires sont même limités à 2 questions. Un avantage pour le client qui accepte plus volontiers cet exercice imposé, doublé d'une expérience plus efficace et plus rapide pour le distributeur. Cela permet de dégager du temps pour les profils complexes pour qui lesquels le questionnaire se poursuit par des examens médicaux approfondis.

C'est ici que les assureurs souhaiteraient améliorer l'évaluation des risques. Une visite médicale complète ne permet pas toujours d'apprécier les risques qualifiés d'invisibles, ceux relatifs aux comportements. En évaluant le risque, l’assureur fait toujours un pari sur l’avenir, à lui d’ajuster au plus près son appréciation pour optimiser sa marge sans pénaliser le client. S'invite alors dans le débat la prévention, une notion que certains assureurs estiment trop peu exploitée dans le cadre de l'assurance emprunteur.

Faire de la prévention : un concept acceptable en assurance emprunteur ?

La sélection médicale se fait en amont de la souscription d'une assurance de prêt. Une fois le contrat signé, l'assuré bénéficie de l'irrévocabilité des garanties. Même en cas d'évolution négative de l'état de santé, la couverture est préservée aux mêmes conditions tarifaires. Cela représente un avantage fondamental pour l'emprunteur, mais peut se transformer en sanction financière pour l'assureur en cas de dégradation. À la manière des contrats d'assurance santé (mutuelles et autres complémentaires), certains assureurs voudraient "faire œuvre" de prévention pour encourager les comportements vertueux favorables à la santé et au bien-être. Prendre en compte les facteurs relatifs au style de vie est une réflexion qui avance chez certains. Il ne faudrait pas que ce nouveau modèle de souscription, axé sur la rentabilité par une gestion des risques optimisée, fragilise l'emprunteur, déjà contraint, à juste titre, par l'obligation d'équivalence de niveau de garanties.

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